vendredi 20 août 2010

Un incroyable de jus de terroir


Les plus grands vins de terroir sont-ils seulement réservés aux plus riches d'entre-nous? Non, non, non!
Par les temps qui courent, il est plus que jamais indispensable de taper sur le clou encore une fois. Pourquoi? Éloignez vos enfants de votre ordinateur et jetez un coup d'oeil en ligne sur les prix déments de certains crus classés de Bordeaux en primeur et en 2009 et vous verrez...

Hier soir, j'étais chez l'un de mes bons amis, Yaïr Haidu, en compagnie d'un collaborateur et ami buveur de haute volée, Lionel Pinot. Tout à trac, Yaïr me demande : "tu veux goûter un truc à l'aveugle?". "comme d'habitude, je lui réponds.

On se regarde tous les trois, Dieu que c'est fin, ciselé, long, cristallin...Mais qu'est ce que c'est?

On goûte, on tourne et retourne le problème dans tous les sens, on regoûte, je pars sur un grand terroir du Nord, genre Alsace, Allemagne, Autriche, et un un cépage comme le sylvaner ou le pinot blanc. Lionel se dit la même chose...

Yaïr revient de la cuisine avec la bouteille, nous la dévoile, et c'est le choc. Un grand cru, certes, mais de muscat! Vous connaissez peut-être le style du muscat (celui ci vient de la variété Ottonel), ces notes de grain de raisin frais, ce côté explosif limite entêtant la plupart du temps. En 11 ans - le vin est du millésime 1999 - le côté variétal du muscat a totalement disparu et a été comme mangé par le terroir - le grand cru Kirchberg de Ribeauvillé -, qui, dans nos verres, impose sa race folle.

Je viens à l'instant d'appeler André Kientzler pour le féliciter et lui demander à quel prix ce vin avait été commercialisé. Réponse du grand vigneron qui ne l'a mis sur le marché qu'en 2001, entre 11,40 et 11,60 euros!

Morale de l'histoire (1) : ne pas croire ceux qui disent que les "simples" muscats doivent être bus jeunes.
Morale (2) : un grand cru autour de 11 euros, oui, c'est possible.
Morale (2 bis) : vous en connaissez beaucoup, vous, des régions comme l'Alsace, où l'on peut dénicher des grands crus pareils à des prix aussi accessibles à tous?
Morale (3) : un vin de grand terroir, c'est quand on ne peut plus deviner à l'aveugle avec quel cépage il a été produit,  dans le verre, il ne reste que le caractère du terroir, et là, on prend une belle claque, et surtout des pros comme nous.
Bonus track : entre amis, prenez l'habitude de goûter à l'aveugle, cachez les étiquettes des bouteilles  car l'esprit du vin, c'est ça, le grand vin est celui qui vous surprend, garde sa part de mystère, il n'y a rien de plus frustrant de savoir à l'avance ce que l'on va déguster. C'est par des chocs comme celui-là qu'on progresse à pas de géant dans le vin.

Domaine André Kientzler
50 route de Bergheim 68150 Ribeauvillé
Tél : 03 89 73 67 10

mercredi 18 août 2010

Des vendanges sans les "gens du voyage", roms et tziganes?

Les vendanges ont démarré ici ou là dans le Pays.

A l'heure où Sarkozy, Fillon, Hortefeux, et Besson ont décidé qu'était ouverte la chasse aux Tziganes, Roms et autres "gens du voyage", je crois bon de rappeler que sans l'aide précieuse de ces saisonniers, depuis toujours, les domaines viticoles dont nous apprécions tant les vins ne pourraient vendanger leurs raisins mais aussi tailler, ébourgeonner la vigne...

Chaque année, à l'automne, les vignerons profitent du fruit du travail de ces familles, depuis parfois plusieurs générations, des liens indispensables se recréent, dans l'amour du travail bien fait, le respect et la confiance réciproque.

Une fois de plus, après les "débats" fascisants sur l'identité nationale, les récents propos honteux autour de la déchéance de nationalité, les dérives électoralistes et l'instrumentalisation sécuritaire de ce gouvernement m'indignent, je tiens à le dire sans aucune ambiguïté. 




mardi 17 août 2010

Toute la finesse d'un Margaux


Toute gamine, ce Chateau Siran 2006 faisait un peu la gueule, il faut bien l'avouer. Je dis bien "gamine" car pour moi, le terroir de Margaux donne sans doute les vins les plus en dentelles de tout le Médoc. En évoquant un Margaux, je suis dans le bleu, la silhouette gracile d'une danseuse m'apparaît.

Encore faut-il dégotter un Margaux de cette trempe-là et pas un simple jus concentré à l'outrance, boisé, sans visage.

Dire qu'il est fait de merlot, cabernet-sauvignon et d'une proportion élevée de petit verdot (16%) ne dit pas grand chose sur le vin, finalement.

Le plus simple serait que vous le goûtiez puisque qu'à l'inverse de tous ces crus classés de Margaux qui vous coûtent un bras et même les deux (on songe à Château Margaux 2009 proposé à 950 euros hors taxes en primeur), ce cru non classé mais de grande classe, ne coûte "que" 21,80 euros (site www.wineandco.com)

A vous de jouer, donc.