samedi 27 mars 2010

J'AI FAIT UN REVE



La nuit dernière, j’ai fait un rêve. A la table d’un restaurant qui n’avait pourtant rien de « gastronomique », je choisissais le vin. Miracle ! La carte de Bacchus n’était pas incomplète ; elle ne comportait ni fautes d’orthographe, ni erreurs de millésimes ou de terroirs.

Aucun vin n’était mentionné par sa simple appellation. Le restaurateur parlait la langue de ceux qui aiment le vrai boire : un vin est une œuvre signée. En toute logique, à chaque cru correspondait le nom de son auteur.

Mieux encore, l’invite nous était faite de choisir non plus selon des régions – vieux réflexe des siècles passés - mais en fonction des plaisirs recherchés. Souplesse, fruité, opulence, subtilité…Ne demandant que cela, nos cinq sens allaient être mis à l’épreuve. Et pas uniquement ma culture bien fragile…
Le préposé aux boissons, qui avait eu la bonne idée de laisser au vestiaire la ringarde tenue du sommelier, nous fit alors sa première visite. Dans un style professionnel mais décontracté, sûr de lui mais sans jamais vouloir nous imposer ses choix, il nous servit…de guide.

Pour accompagner nos agapes, nous nous laissâmes emmener par cet homme sur des chemins inattendus.

L’antre d’où nos flacons arrivèrent porte un nom tombé en désuétude dans le monde de la restauration : la Cave. Ah ! qu’il est bon de descendre à la Cave, en ces lieux où, bien rangés, les breuvages attendent patiemment leur heure, couchés mais vivants.

Comble de l’extase, nous pûmes enfin nous régaler d’un vin blanc qui ne nous avait pas été servi frappé, glacé, stérilisé. Soigneusement rafraîchi, le vin nous rendit au centuple l’effort consenti.

Dans mon rêve, je me souviens que ce soir-là, le rouge versé à table glissa dans nos bouches avec toute la sensualité espérée. Ses exhalaisons nous auraient presque fait oublier sa chaleur naturelle en alcool. Une expérience qui ne peut être vécue si le vin est servi bouillant comme mon sang.

Le repas s’est achevé sur le seuil de ce restaurant. Entre clients respectés.

Au matin, je me suis réveillé avec le souvenir de ce rêve. La vie avait soudain le goût du bonheur. Et les couleurs de l’amitié partagée.